Kamel Ben ouanès

Kamel Ben ouanès

L'homme qui n'a pas de nom


 

                                   L’homme qui n’a pas de nom

 

 

         Il a le regard d’un enfant et les traits d’un adulte. A cinquante ans, il n’a pas encore quitté sa hutte, constamment enveloppé dans une épaisse pénombre. Quel est son nom ? Il n’en a pas. Tout autour de lui était pourtant nommable, les hommes, les bêtes, les plantes et les objets.

 

         On a voulu le nommer Belgacem, puis Ahmed, puis plus rien. L’enfant né infirme, les mains déformées, le cou inexistant, la silhouette malingre…fut rejeté par le père, malgré les supplications de la mère. On croyait qu’il ne survivrait pas à son mal. Alors, on renonça à l’inscrire au registre civil. Mais le destin déjoua les prévisions humaines et l’homme sans nom est orphelin des ses deux parents depuis déjà quarante ans.

L’homme sans nom ne marche pas, il rampe. Il ne parle, il marmonne. Il ne sait ni rire, ni pleurer. Il renifle fortement, la tête baissée comme pour contenir une émotion débordante.

 

         Grâce aux soins de quelques âmes charitables, il ne vit pas à l’état bestial, mais comme une bête humaine, enfermé dans une pièce de fortune dans un coin reculé d’un verger investi d’arbustes sauvages, à la sortie sud du village.     



04/11/2008
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