Le cinéaste et sa comédienne
Je
voudrais bien vous proposer une histoire qui pourrait donner lieu à un scénario
original et intéressant. C’est l’histoire d’un cinéaste avec sa comédienne, ou
plus précisément avec ses comédiennes. Il s’agit d’une histoire vraie ou
presque. Pourquoi «presque » ? Parce que tout conteur doit s’arranger pour
donner une cohérence, c’est-à-dire un ordre au désordre de la
vie.
Alors, il était une
fois un cinéaste qui avait élaboré un scénario. Il devait confier le rôle
principal à une comédienne, celle que les médias tunisiens qualifiaient à
l’unanimité comme la meilleure de sa génération. Ce rôle a été conçu
exclusivement pour elle. Le cinéaste n’a pas hésité à lui en faire part tout au
de la rédaction du scénario. Il avait construit le personnage en pensant aux
traits de sa comédienne, à sa silhouette et à une certaine fragilité douloureuse
qui se dégage de son être.
Le scénario est
maintenant prêt. L’actrice en dispose déjà d’une copie. Elle en est fière,
joyeuse, enthousiaste. Elle ne sera nullement découragée par les deux petites
scènes jugées osées où elle doit se montrer à moitié nue. Le sentiment d’en être
l’instigatrice, d’en être la muse, lui procure une immense joie et un exaltant
sentiment de fierté.
Le cinéaste a entamé
les procédures et les démarches pour mobiliser les fonds nécessaires à la
concrétisation de son projet. La tâche ne s’annonce pas commode. Le montage
financier exige de subtiles combinaisons ingénieuses. Pour convaincre ses futurs
partenaires tunisiens et étrangers, le cinéaste doit présenter un dossier
complet et soigneusement élaboré, avec un bon synopsis, une belle note
d’intention pleine de trouvailles rhétoriques et argumentatives, un devis
estimatif plausible… L’arsenal des documents prend maintenant la forme d’un
dossier volumineux de plus de trois cents pages.
La commission se
réunit. Son verdict était sans appel. Le projet n’a pas été retenu. Quelles sont
les raisons de ce rejet ? La commission ne le dit pas. Elle n’est pas obligée de
le dire. C’était l’usage. C’était la règle.
Si ce verdict a
manifestement affecté le cinéaste, il n’en a guère entamé sa détermination.
Pourquoi s’en alarmer ? armé de patience et d’endurance, il sait parfaitement
qu’il est difficile qu’un projet puisse obtenir l’aval de la commission du
premier coup. Le jeu subtil des alliances, l’équilibre corporatiste et la
modestie du volume global du soutien au cinéma national conduisent
immanquablement à ce refus. Donc ce n’est que partie remise. Le cinéaste doit
résister, persévérer. Il déposera son projet à la prochaine session de la
commission. Cependant, il est obligé, au préalable, d’apporter quelques
modifications, introduire des améliorations, restructurer les transitions et
approfondir les motivations de la trame ou le implications de la
crise.
Le scénario est
soumis une seconde fois à l’appréciation de la commission. Et pour la deuxième
fois consécutive, c’est-à-dire, après un an, la commission le rejette. Il ne
faut pas abdiquer. Il faut résister. Le scénario était présenté une troisième,
puis une quatrième fois, avec chaque reprise de nouvelles modifications, des
rectifications, des restructurations.
Au bout de sept ans,
le cinéaste s’entête. Le scénario est à nouveau entre les mains de
Les préparatifs de
la production commencent. Mais voilà qu’une grosse surprise attend le cinéaste.
La comédienne, autour de laquelle le film a pris forme et consistance, n’est
plus disponible. Non, elle n’est pas engagée dans une production ! Non, elle
n’est pas souffrante ! Elle a tout simplement renoncé à sa carrière de
comédienne. En sept ans, beaucoup de choses peuvent survenir. Le monde peut
changer : les mœurs, les valeurs, les idéologies, les régimes…que sais-je
encore ! Et notre comédienne, emportée par le fleuve tranquille du changement,
rompt avec les feux de la rampe et se décide à porter le voile. Elle devient
religieuse. Elle qui s’est imposée en un temps record comme la figure star et
incontournable du cinéma de son pays, renonça illico presto à une brillante
carrière.
Faut-il accepter les caprices du destin ? Non ! Le cinéaste réagit avec la
rage d’un militant fougueux et fanatique. Il est allé voir sa comédienne pour la
convaincre et l’amener sur le droit chemin du cinéma, en lui rappelant les
termes enthousiastes de son engagement solennel. Sa réponse est sans détour :
son cœur est maintenant touché par le grâce divine et éclairé par la lumière de
la foi. Mais lui, le cinéaste, est prêt à remodeler son scénario, à le
transformer radicalement, pourvu qu’elle soit son actrice, sa vedette,
l’incarnation de son personnage. Il ferait comme Rossellini dans Europe 51 ou dans Stromboli, il racontera l’histoire d’une
femme libre et indépendante qui, à la suite d’une expérience douloureuse, sera
confrontée à la souffrance humaine et sera touchée par la grâce de la
spiritualité. Ce sera le film de sa carrière où il parlera de la femme, de la
réalité du Maghreb, de la condition malheureuse d’une frange non négligeable de
ces êtres qui souffrent dans le silence et la marginalité. Oui, ce que lui
inspire l’attitude de sa comédienne lui apparaît maintenant comme la chance de
sa carrière, l’heureuse coïncidence qui lui permet d’entrevoir, pour la première
fois dans sa vie, des pans cachés de l’identité de ses
concitoyens.
Mais, à ses
supplications, à ses concessions et aux arrangements ingénieux qu’il accepte à
sacrifier, la réponse de la comédienne est irrévocable : elle n’est plus
comédienne. Sa place est désormais dans son foyer. Son souci majeur ne sera plus
autre chose que d’être la créature fidèle et soumise aux commandements sacrés de
la sainte loi.
***
***
Le cinéaste doit chercher une autre comédienne. Sa tâche ne sera pas
aisée. La silhouette dont il aura besoin ne fait pas légion. Surtout que le rôle
qu’il a construit exige une personnalité assez complexe où la force du caractère
n’efface pas la fragilité pathétique du tempérament. Oui, la perle rare qu’il va
chercher doit paraître sous les traits d’une femme blessée et fortement affectée
par son divorce et son drame sentimental. En même temps, elle doit être douée
d’une forte personnalité, puisqu’elle est appelée à braver les inhibitions et
les interdits et accepter de jouer des scènes intimes
osées.
La recherche de l’actrice a nécessité
plusieurs longs mois. Une première figure a été engagée dont le tempérament et
les traits rappellent fortement ceux de la comédienne élue. Mais, au fur et à
mesure que les rencontres se multiplient et que le vernis des apparences
s’effrite, l’actrice a laissé entrevoir un pan de caprices et une présence nulle
de fragilité.
On lui a présenté ensuite une autre
candidate. C’était une figure quasi inconnue. Hormis quelques apparitions
furtives dans des feuilletons ramadanesques ou dans un récent film tunisien,
elle ne pouvait faire valoir que son diplôme fraîchement obtenu de l’Institut
supérieur d’art dramatique ou son expérience d’enseignante de théâtre dans les
lycées, ou tout au plus, son enthousiasme sincère à s’engager dans cette
expérience avec autant de conviction que de rage de transcender ses propres
blessures.
Ce qui a le plus touché le cinéaste est
sans doute cette vitale fragilité qui se dégage de la personne de la nouvelle
comédienne, non seulement à cause de sa situation de femme en instance de
divorce, ce qui est un gage de mal vivre, fort nécessaire au rôle, mais aussi
des blessures qui remontent à l’enfance. Elle apparaissait, à ses yeux,
spontanée, tendre, audacieuse et vulnérable. Elle avait réussi à lui redonner
espoir. Désormais, tout le projet tournait autour des traits et de la silhouette
de la nouvelle comédienne : la couleur des costumes, la disposition des
intérieurs, les valeurs des plans et jusqu’aux traits des autres comédiens. Et
sans hésitation, le cinéaste reconsidérait totalement son casting au gré du
teint clair et de la taille grande de sa nouvelle
élue.
Pour la comédienne, ce rôle était un
exercice quasi thérapeutique. Son personnage renvoyait mille échos à sa
personne : une femme à la croisée des chemins entre une enfance pleine de rêves
désenchantés, une expérience conjugale difficile et douloureuse couronnée par
une maternité vécue dans la solitude et
l’humiliation.
Le tournage commence. Il s’annonce
difficile et périlleux, car le film est un road movie qui traversera le pays du
nord au sud.
La presse s’y intéresse. L’actrice est
sollicitée par une foule de journalistes de la presse écrite et de la
télévision. Sa photo trône à la une de plusieurs journaux. Un reportage
télévisuel lui a été consacré et diffusé à une heure de large audience. Le
service de presse de la production a réussi à faire du tournage du film un
véritable événement culturel.
L’opération de promotion n’a pas manqué de
hisser l’actrice au rang d’une figure de proue du cinéma national et d’alimenter
l’intérêt et la curiosité du large public. Et au cœur de cette foule anonyme,
il se trouve un être que la compagne
médiatique nourrie autour du film a agité, ébranlé et secoué dans sa torpeur.
Cet être, c’est le mari éconduit de l’actrice, un mari qui, sous l’effet de ce
tapage médiatique, se rappela les fugaces moments de bonheur qu’il a passés avec
elle. Impossible, pour lui, de rester
indifférent à cette promotion fulgurante, retentissante et difficile à
supporter, à ses yeux. Il ne pouvait pas ne pas réagir, riposter, faire quelque
chose, crier, polémiquer. Un sursaut d’orgueil le pousse et l’exhorte à dire
qu’il existe encore, qu’il n’a pas encore édicté son dernier mot. Mais doit-elle
oublier, cette femme indigne qui se prend déjà pour une vedette, qu’elle est encore officiellement son épouse,
puisque le divorce n’est pas encore officiellement
prononcé ?
Poussé par la jalousie ou l’orgueil, le
mari téléphone à son ex-épouse et la prie d’accepter de le rencontrer pour une
affaire urgente. Elle n’a pas jugé urgent de le revoir. Tout est terminé entre
eux. Ils sont en instance de divorce. En plus, elle doit se concentrer sur son
rôle et ne pas se laisser perturber par de douloureux souvenirs. Comment le
rencontrer ? Elle est maintenant avec l’équipe de cinéma dans un coin perdu du
sud tunisien. Alors, elle lui a présenté tous les arguments pour éviter de le
revoir. Mais le mari a le sens de l’entêtement, de la persévérance. Il téléphone
une seconde et une troisième fois. Il est prêt à faire le déplacement jusqu’au
sud, pour évoquer avec elle une question urgente en rapport avec les procédures
de divorce. Mais il parlait avec douceur et aménité, si bien qu’elle a fini par
accepter de le voir, juste l’apercevoir accompagné de son
enfant.
Le voir, peut-être, mais pas pour
l’écouter ! Se dit-elle. Elle l’a vu. Elle l’a écouté attentivement,
studieusement jusqu’au bouleversement. Il lui a parlé de ses profonds regrets
pour tout ce qu’il lui a fait comme mal. Il lui a exprimé ses bonnes
dispositions à se réconcilier avec elle. Il l’a suppliée de lui pardonner. Il
l’a touchée jusqu’aux larmes quand il lui a parlé de leur enfant qui a besoin de
voir ses parents réunis sous le même toit. Il n’a, cependant qu’une seule
condition : qu’elle renonce à ce film. Sa photo à
* * *
Bouleversée par cette rencontre venue au milieu du tournage, elle, qui
pensait avoir tourné la page du mariage, se retrouve encore devant le pénible
dilemme de choisir. Elle regrette d’avoir consenti à rencontrer son mari.
Comment doit-elle réagir maintenant ? Elle
ne doit pas réagir. Elle ne peut pas réagir. Elle est incapable de donner une
réponse au mari. Elle se tait et refoule le désir de confesser le secret de son
cœur.
Elle continue à œuvrer pour l’avenir de sa
carrière d’actrice, tout en réprimant toute pensée liée à son avenir de mère et
d’épouse. Mais malgré les efforts qu’elle déploie pour offrir une bonne
prestation, ses hésitations se multiplient, sa vigilance s’estompe. Le cinéaste
lui en fait la remarque, lui adresse des remontrances de plus en plus
fréquentes, puis il exige d’elle des explications.
Elle lui explique tout.
Décidément, se dit-il, il y a une
malédiction qui poursuit le film et continue à peser sur la cinématographie de
tout le pays. Mais, l’heure n’est pas aux méditations et aux spéculations
oiseuses. Il faut trancher ! Mais comment ? Pendant deux jours, il réfléchissait
sur ce qu’il devait prendre comme décision. Car, Faire semblant de ne rien
apprendre, lui paraissait une fuite dangereuse et irresponsable. Lui, dont la
démarche consiste à partir du vécu réel de sa comédienne, doit impérativement
tenir compte de cette nouvelle donne inopinée. Faute de quoi, tout le dispositif
de sa démarche, à laquelle il tient tant, serait voué à
l’échec.
La comédienne, elle, n’est pas
véritablement tiraillée entre son devoir artistique et son devoir familial.
Fataliste, elle confie son sort aux règles secrètes du destin. Son devoir est de continuer à assumer son
rôle, bien qu’elle soit rongée par un réel sentiment d’avoir été mutilée d’une
partie de son être.
Mais au juste que demande la comédienne à
son cinéaste ? Rien. Absolument rien. Elle ne lui adresse pas la moindre
doléance. Mais, le cinéaste sait ce que la nouvelle situation exige de
lui : éviter les scènes osées où sa
comédienne devrait se montrer à moitié nue.
Se passer de ces scènes ; oui carrément les éliminer, les sacrifier, les
gommer afin de sauver un couple et permettre ainsi à sa comédienne de retrouver
sa sérénité et ses facultés intellectuelles requises pour qu’elle puisse, tant
bien que mal, continuer à jouer son personnage et à assumer son engagement. Il
pense qu’un tel arrangement n’affecterait pas le sens du film et sa cohérence
interne ; peut-être l’aiderait-il même à insuffler dans la matière de son œuvre
une autre vitalité insoupçonnée jusqu’ici. Oui, il se passerait du corps de la
comédienne, ce qui l’obligera à donner une forme visuelle à son âme, à son aura
intime et à ses émotions indicibles.
Ce serait peut-être un bon choix.
D’ailleurs, les scènes intimes qu’il a écrites lui paraissent maintenant
superflues, inutiles, gratuites. Oui, il peut s’en passer sans incidence majeure
sur la cohérence générale du film.
Et le film a épousé la configuration de la
morale du compromis. Le cinéaste a sacrifié une partie du film pour sauver un
couple. Il s’agit d’une attitude à la fois mesquine et pathétique,
sentimentaliste et courageuse, une attitude qui trahit l’art pour sauver la vie.
C’est la classique question des rapports complexes entre la vie et
l’art.
*** ***
***
A
sa sortie sur les écrans, le film n’a reçu qu’un accueil mitigé. Mais le degré
d’audience auprès du public n’est pas, à notre sens, un paramètre fiable de
qualité. Car le film ne manque d’atouts aussi bien esthétiques et formels. Mais
notre propos n’est pas d’analyser le film réalisé. On dira tout à l’heure
quelques remarques à la fin de cette intervention. C’est plutôt la genèse du
film et le rapport du cinéaste avec ses comédiennes qui a le plus focalisé notre
intérêt.
L’expérience de Abdellatif Ben Ammar pose en
premier lieu le rapport entre la vie et l’art et nous conduit à dégager les
remarques suivantes :
-
La
réalité pèse de tout son poids sur les modalités de la conception, puis de la
production du film. Cela signifie que le cinéma, c’est-à-dire l’art en général ,
n’est pas encore en mesure de changer le monde, ni même notre rapport au
monde.
-
Autrement dit, le cinéaste a beau partir de la réalité
immédiate de ses comédiens ou comédiennes, il ne peut aller jusqu’au bout de sa
démarche. Sa comédienne lui échappera toujours, car elle ne sera jamais pour lui
une simple icône au service des intentions tracées et programmées du cinéaste.
Un événement extérieur majeur viendra chaque fois perturber et déjouer le schéma
de la trame scénarisée.
-
Il
est impossible, dans ce cas, de faire des films rosselliniens, dans la mesure où
la matière filmique obtenue ne s’articule pas autour du paradigme de la
transformation du personnage central féminin, comme on le voit dans des films de
Rossellini tels que Europe 51 ou
Stromboli.
Notre objectif dans la présentation de ce récit n’est pas d’analyser un
film précis, mais de donner un aperçu sur les conditions sociales et
contingentes dans lesquelles le film a été réalisé.
Un film est le
produit ou le miroir des conditions de son tournage (ces dernières ne sont pas
toujours visibles ou repérables). Mieux
encore, le film est construit parfois pour masquer ces conditions. Le cinéma
serait l’équivalent de la parole, telle qu’elle a été définie par Tellyrand qui
disait : la parole a été donnée à
l’homme pour cacher sa pensée. Par conséquent, le cinéma a été
confectionné par l’homme pour masquer sa réalité et en premier lieu, la réalité
du cinéma et les conditions de la genèse et de la fabrication d’un
film.
Le rapport du cinéaste avec ses comédiennes
nous conduit à rappeler la vieille typologie de l’acteur. Nous savons qu’il y a
deux catégories d’acteurs :
-
L’acteur dit « sincère » qui ressent et revit toutes les
émotions de son personnage et fonctionne à l’empathie et à
l’identification.
-
Inversement, l’acteur capable de maîtriser et de simuler
ses émotions. C’est l’acteur défini par Diderot : « pantin merveilleux dont le poète tire la ficelle et
auquel il indique à chaque ligne la véritable forme qu’il doit
prendre » (Paradoxe sur le
comédien).
-
Mais, le cinéma peut recourir aussi à des acteurs non
professionnels qui seraient des jouets entre les mains du metteur en scène. Ce
dernier façonne, remodèle à son gré « la pâte » physique de l’interprète (
corps, geste, voix) dans le sens qu’il souhaite.
Deux
disparitions :
-
Si
dans le projet initial, la figure centrale était cette femme en instance de
divorce qui s’embarque dans un voyage périlleux à travers le pays en compagnie
de l’homme qu’elle a aimé quand elle était jeune. Dans le film construit, la
figure centrale correspond à une icône absente et invisible : le poète décédé
Salah Garmadi dont l’évocation gagne de l’importance au fur et à mesure que le
road movie progresse. Si le poète est invisible (tout en devenant un actant
central) c’est surtout parce que le poète est l’équivalent du prophète. Donc il
restera une image invisible et icônophobique dans le cinéma
arabe.
-
Mais il y a en même temps une autre disparition. Elle
concerne la carrière même de l’actrice. Les figures féminines du cinéaste
quittent définitivement le cinéma au terme d’une seule expérience avec lui.
Cette problématique nous semble séduisante et féconde, car nous estimons qu’elle
n’est pas liée seulement à la situation du secteur du cinéma dans notre région.
Elle est surtout en rapport immédiat avec l’expérience filmique vécue :
affronter la caméra, c’est accepter de se dépouiller du désir de se revoir à
l’écran et donc mourir en tant qu’actrice. Il y a donc quelque chose qui nous
rappelle l’expérience de Bresson avec ses interprètes.
Kamel
Ben Ouanès
Critique
tunisien